L'alimentation dans la prise en charge des patients coronariens

 

Article rédigé par Amélie BALLANGER, Diététicienne-Nutritionniste au Centre de cardiologie du Pays Basque de Bayonne et présidente de l’organisme de formation Essentiel Nutrition SAS.

Juillet 2022

 

Longtemps 1ère cause de mortalité en France, les maladies cardiovasculaires sont passées au 2ème rang des causes de décès grâce à l’amélioration de la prévention et de la prise en charge thérapeutique.

Bien que certains facteurs de risques soient non modifiables comme l’âge, le sexe et l’hérédité, la majorité d’entre eux sont en lien direct avec le mode de vie et l’environnement du patient, tels que le manque d’activité physique, le déséquilibre alimentaire ou l’excès de poids ce qui fait de la nutrition un allié clé de la prise en charge des patients atteints de maladies cardiovasculaires que ce soit en prévention primaire ou secondaire.

En effet, une mauvaise alimentation peut induire une hypertension, une hyperglycémie, une hypercholestérolémie (cholestérol total et LDL), un surpoids ou une obésité, eux-mêmes responsables de l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.

La prise en charge nutritionnelle prend la forme d’une éducation ou rééducation du patient afin de l’amener vers une alimentation saine et plaisante.

Les grands principes de l’équilibre alimentaire d’inspiration méditerranéenne enrichie en oméga 3 s’appliquent comme le recommande la Haute Autorité de Santé dans son guide du parcours de soins – Syndrome coronaire chronique.

Il ne sera en aucun cas question d’un régime restrictif.

« L’apport énergétique doit permettre de maintenir un IMC< 25kg/m², un tour de taille <102cm pour les hommes et <88 pour les femmes.

Si IMC >25, l’objectif est d’obtenir une perte de poids de 5 à 10 % sur 1 an. » (1)

Zoom sur les facteurs de risques en lien direct avec l’alimentation :

 

I) Le cholestérol

Indispensable à l’organisme, le cholestérol est une graisse naturelle entrant dans la constitution des parois de nos cellules, dans la composition de nombreuses hormones et permet aussi la synthèse de la vitamine D.

Contrairement aux idées reçues, il n'existe qu’un seul type de molécule de cholestérol. Le LDL et le HDL sont des protéines qui jouent un rôle de transporteur du cholestérol dans le sang :

Adobestock cholesterol

Le LDL (Low-density Lipoprotein), présenté comme mauvais, transporte le cholestérol du foie, où il est produit, vers les cellules de l’organisme.

En excès, il a tendance à se déposer sur les parois des artères puis à former progressivement des plaques qui grossissent et durcissent, réduisant le diamètre des artères jusqu’à l’obstruction de celles-ci.

Selon la localisation nous parlons d’accident vasculaire cérébrale, d’infarctus du myocarde, d’infarctus mésentérique ou d’artérite des membres inférieurs.

Le HDL (High-density Lipoprotein), familièrement nommé « bon cholestérol » est en charge de ramener le cholestérol vers le foie où il sera détruit.

Au bilan sanguin, les objectifs varient selon les facteurs de risques. Le taux sera plus bas si une maladie cardiovasculaire est diagnostiquée. (2)

LDL = 1,3 g/L maximum chez les patients à faible risque cardiovasculaire  

= 0.7 à 1 g/L maximum chez les patients présentant un ou plusieurs facteurs de risque

< 0.55 g/L si une maladie cardiovasculaire a été diagnostiquée (ex : infarctus)


LE CONSEIL DIET :

« Bien doser et bien choisir ses matières grasses »

Huile d’olive ou arachide – pour la cuisson –

Huile de colza ou noix – en assaisonnement –

Margarines sans huile de palme enrichies en oméga 3

Le rapport 2016 de l’ANSES fixe une limite maximale de consommation de viande hors volaille ou de viande transformée à 500 g/ semaine (3)

Ce même rapport précise que « aucune conclusion ne peut être établie entre la consommation d’œuf et l’incidence des maladies cardiovasculaires » (3).


 

II) Les triglycérides

Ce sont des graisses qui jouent un rôle de carburant pour nos cellules mais stockés en excès, les triglycérides favorisent la survenue de maladies cardiovasculaires.

A la différence du cholestérol qui provient d’une consommation excessive de produits gras, un taux élevé de triglycérides dans le sang provient d’une consommation importante d’alcool, de produits sucrés, et est favorisé par le surpoids.

Cibler un poids de forme avec un IMC compris entre 20 et 25 kg/m². Au bilan sanguin, le taux optimal de triglycérides est < 1 g/L et normal jusqu’à 1,5g/L, au-delà on parle d’hypertriglycéridémie.


LE CONSEIL DIET :

« Equilibrer ses repas, modérer l’alcool et bouger ! »

Jamais + de 2 verres d’alcool / jour sans dépasser 10 verres / semaine (4)

La solution idéale selon l’Organisation Mondiale de la Santé est de ne pas consommer d’alcool (5)

Privilégier les aliments naturellement sucrés pour satisfaire les papilles.

L’ajout de sucre doit toujours être modéré (miel, confiture, sirop d’érable…)


 

III) Le diabète

Le diabète survient lorsque l’organisme ne fabrique plus suffisamment d’insuline alors qu’il a simultanément des difficultés à l’utiliser. L’insuline, produite par le pancréas, est la seule hormone de l’organisme qui permet de faire baisser la glycémie. Grâce à l’insuline, le glucose pénètre dans le muscle où il est consommé. En l’absence d’insuline, le sucre s’accumule dans le sang. Le diabète peut, à long terme, entraîner des complications au niveau de divers organes. Il peut passer longtemps inaperçu évoluant silencieusement vers des complications. L’hyperglycémie va ainsi fragiliser la paroi des artères et favoriser la formation de plaques d’athérome au niveau des yeux, des reins, du cerveau, du cœur ou encore des membres inférieurs.

Repères de glycémie à jeun :

  • De 0,70 g/L à 1,10 g/L = glycémie normale
  • Entre 1.10 g/L et 1.26 g/L = glycémie perturbée ou « pré-diabète »
  • Au-delà de 1,26 g/L à deux reprises = diabète
  • Au bilan sanguin, on vise une HbA1c < 6,5 %


LE CONSEIL DIET :

« Contrôler ses apports en glucides pour réguler sa glycémie »

Des glucides complexes (« sucres lents ») à chaque repas en privilégiant les céréales complètes, les cuissons Al Dente, sans oublier les légumes secs.


 

IV) L'hypertension artérielle

L’hypertension accélère le vieillissement du cœur et des artères. Le travail du muscle cardiaque est augmenté en raison de la pression plus forte à laquelle il est soumis. Il va donc grossir, devenir moins performant et s’épuiser.

L’HTA figure parmi les principaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux. 

 


LE CONSEIL DIET :

« Cuisiner maison et bien assaisonner les plats autrement que par le sel »

Epices et herbes aromatiques pour rehausser le goût des plats

Citron, vinaigres en tout genre et huiles aromatisées pour assaisonner

Des modes de cuisson qui révèlent le goût des aliments (braisé, grillé, papillote, plancha…)

L’OMS préconise un apport total en sel limité à une cuillère à café (5 g) par jour maximum, y compris le sel contenu dans le pain et les aliments transformés, séchés et conservés. 


 

V) En pratique

Le menu idéal sera composé de protéines, glucides complexes et vitamines-minéraux-fibres auxquels s’ajoutera une dose de matières grasses.

Essentiel nutrition equilibre alimentaire

Petit-déjeuner :

Produits laitiers

Œuf

Jambon blanc

Pain complet - de seigle – de son...

Flocons d’avoine

Muesli peu sucrés

Fruits frais

Fruits à coques

Purée d’oléagineux

Margarine oméga 3

 

Déjeuner & Dîner

Viandes

Poissons

Œufs

Céréales de préférence complètes ou semi-complètes, cuisson al dente

Légumineuses

Légumes crus ou cuits

Huile d’olive, pour la cuisson ou en assaisonnement

Huile de noix ou colza, assaisonnement

 

Assiette equilibree

Collation

2 à 3 aliments au choix à associer

Produit laitier

Pain complet - de seigle – de son...

Flocons d’avoine

Muesli peu sucrés

Fruits frais

Fruits à coques

Purée d’oléagineux

Margarine oméga 3

 

 

Les repères suivants aideront de réussir à conjuguer l’ensemble des conseils nutritionnels :

Un rythme régulier => pour une bonne répartition des apports alimentaires

=Manger à heures régulières

=Faire 3 repas / jour

=Ajouter une collation si besoin

Des aliments variés => pour fournir au corps tous les nutriments, vitamines et minéraux nécessaires à son bon fonctionnement

=Suivre les saisons

=Eveiller sa curiosité vers des aliments habituellement délaissés

Des quantités adaptées => pour nourrir l’organisme sans excès ni carence

=Prendre le temps de manger dans le calme

=Déguster, apprécier, mastiquer les aliments

=Ecouter ses sensations de faim et de satiété

=Se servir dans des assiettes ou ramequins de taille appropriée

Une alimentation plaisante => pour stimuler l’envie de « manger sainement »

=Cuisiner pour réveiller le goût des plats

=Eduquer (ou rééduquer) ses papilles aux saveurs naturelles des aliments

=Jouer sur la présentation

 

En conclusion

Pas question de perdre le plaisir gustatif. Il sera plutôt question de rééduquer les papilles et d’adopter progressivement le bon comportement.

Une cuisine maison, gouteuse, variée et colorée sera le bon allié santé !

Modifier ses habitudes de vie requiert parfois l’aide de professionnels de santé. Il ne faut pas hésiter à consulter diététiciens, addictologues ou autres soutiens utiles à la démarche.

 

Bibliographie

(1) Recommandations parues en avril 2021 dans le guide du parcours de soins – Syndrome coronarien chronique

(2) Fédération française de cardiologie

(3) Rapport d’expertise collective de l’ANSES de novembre 2016 pour l’actualisation des repères du PNNS.

(4) Recommandations nutritionnelles PNNS 4 2019-2023

(5) Un mode de vie sain : 12 étapes pour une alimentation saine – Recommandation de l’OMS www.who.int

Vous devez être connecté pour poster un commentaire