Les diurétiques

Jimmy Guibert, CH le Mans, Janvier 2022

Les diurétiques font éliminer du sodium et de l’eau par le rein. Ils empêchent la réabsorption rénale du sodium. Ils sont utilisés pour traiter les œdèmes et l’hypertension artérielle. On distingue quatre classes de diurétiques qui agissent au niveau du néphron sur des sites différents.

Les diurétiques proximaux: ils inhibent l’anhydrase carbonique (acétazolamide) et les substances osmotiques (Mannitol®). Ils sont notamment utilisés pour diminuer les oedèmes cérébraux ou le glaucome.

Les diurétiques de l’anse : furosémide( Lasilix®), bumétanide(Burinex®), pirétanide (Eurélix® ) ;  empêchent la réentrée de sodium dans la partie ascendante de l’anse de Henle.

Les diurétiques thiazidiques: ce sont des dérivés du benzothiazide, et sont donc des sulfamidés: hydrochlorothiazide (Esidrex®), chlortalidone (Hygroton®), indapamide (Fludex®). Empêchent la réentrée du sodium sur la partie proximale du tube distal.

Les diurétiques du tube collecteur cortical : ils regroupent l’amiloride (Modamide®) et les anti-aldostérones, spironolactone (Aldactone®), éplérènone (Inspra®) ; ils bloquent l’échange Sodium/Potassium.

Mécanismes d’action :

Mécanismes de transport du Na

Toutes les cellules qui transportent le sodium possèdent des pompes Na-K-ATPase. Ces pompes permettent le transport du sodium.

On note au niveau du néphron différents mécanismes pour faire entrer ou bloquer l’entrée du sodium.

Mode d’action des diurétiques de l’anse ;

L’entrée du NaCl filtré dans les cellules du segment ascendant de l’anse de Henle est médiée par un co-transporteur Na-K-2Cl.

Les diurétiques de l’anse inhibent directement la réabsorption de Na, K, Cl par compétition avec le site du co-transporteur.

Ces diurétiques ont également une action importante sur l’élimination du calcium.

Mode d’action des diurétiques thiazidiques

• Au niveau du tube distal, l’entrée dans la cellule du sodium filtré est médiée par un co-transporteur NaCl . 

• Les diurétiques thiazidiques inhibent directement la réabsorption de NaCl par compétition avec le site du co-transporteur. Ils stimulent indirectement la réabsorption de calcium.

Mode d’action des diurétiques épargnant le potassium

Ils interviennent dans le tube collecteur cortical.

L'entrée du sodium filtré dans ces cellules est régulée par la présence d’un canal épithélial sodique.

L'aldostérone augmente le nombre de canaux sodés et de pompes NaK-ATPase dépendantes.

Les diurétiques épargnant le K, on distingue : l’amiloride qui bloque directement le canal épithélial sodique, les antialdostérones (spironolactone et éplérénone) qui s’oppose à l’action de l’aldostérone.

Ils sont associés avec les thiazidiques pour éviter la fuite urinaire de K+.

Indications :

• insuffisance cardiaque
• Hypertension artérielle
• États de rétention sodée. 
• Hypercalcémie majeure
• Lithiase urinaire récidivante avec hypercalciurie
• Glaucome

Contre-indications :

Pour les diurétiques de l’anse :

• Allergie aux sulfamides.
• Insuffisance rénale par obstruction urinaire.
• Grossesse

Pour les diurétiques thiazidiques :

• Allergie aux sulfamides.
• Insuffisance rénale sévère
• Grossesse

Pour les diurétiques hyperkaliémiants antialdostéroniques :

• Hyperkaliémie.
• Insuffisance rénale sévère ou modérée.

Effets indésirables :

Pour les acétazolamides :

• Déplétion volémique
• Hypokalièmie
• Acidose métabolique

Pour les Diurétiques de l’anse :

• Déplétion volémique
• Hypokalièmie
• Alcalose métabolique
• Hyperuricémie

Pour les Thiazides :

• Déplétion volémique
• Hypokaliémie
• Alcalose métabolique
• Hyponatrémie
• Hyperuricémie

Pour les Dirurétiques epargneurs de Potassium :

• Déplétion volémique
• Hyperkaliémie
• Acidose métabolique

Surveillance :

• Ionogramme sanguin, glycémie, urée, créatinine 
• Surveillance de la pression artérielle et recherche d’hypotension orthostatique 
• Surveillance du poids 
• Surveillance de la diurèse 
• Surveillance des œdèmes
• Mise en place d’un régime alimentaire hyposodé voir sans sel
• Surveillance des effets indésirables